Selon l'auteur dans les manuscrits en écriture continue, sans système de ponctuation ni autre structuration, l'insertion d'images dans le texte eût été un facteur perturbateur : pendant une lecture à haute voix, le lecteur aurait perdu le fil. Tant que la lecture à voix haute était de vigueur, l'illustration était alors matériellement séparée du rouleau de papyrus ou de la feuille du codex ; elle était réalisée sur des supports indépendants, sur des πίνακες qui circulaient indépendamment du texte, à la manière des photocopies, diapositives, images numériques dont un conférencier d'aujourd'hui illustre son propos. Une des miniatures du Dioscoride de Vienne représente l'écrivain lui-même, un jeune peintre et la personnification d'Epinoia, en jeune femme tenant une mandragore : on voit Dioscoride écrivant dans un codex et le peintre dessinant une plante sur une feuille volante clouée sur un chevalet. C'est la parfaite démonstration du mode de fabrication du manuscrit illustré dans l'Antiquité qui constitue une des raisons de l'absence d'illustrations dans la plupart des manuscrits scientifiques et, plus précisément, médicaux.