Dans les démocraties occidentales, les politiques culturelles ont progressivement défini leur territoire spécifique à travers le primat accordé aux enjeux artistiques. Or, il se trouve aujourd'hui que les questions culturelles les plus saillantes échappent à ces enjeux. Les thèmes du multiculturalisme et du dialogue interculturel, les migrations, l'urbanisation, le développement durable, les politiques de la mémoire, la redéfinition des rapports sociaux de genre, l'économie de la connaissance, sont autant de défis pour des politiques qui prétendent s'occuper de « culture ». Les responsables culturels publics sont alors confrontés au dilemme suivant : soit rester attachés au primat artistique, soit travailler à la recomposition des politiques dont ils ont la charge et montrer qu'elles peuvent se saisir d'enjeux culturels indépendamment de leur mise en forme artistique. Les textes adoptés dans le cadre de l'Unesco favorisent d'ailleurs une telle évolution. Cette communication montrera comment se négocie ce tournant des politiques culturelles. On verra à cette occasion qu'un tel changement est autant contraint par la difficulté à innover que par sa confrontation avec des identités professionnelles avant tout définies par le rapport aux œuvres et aux artistes.