" Banalisation des cadres ", " stress au travail ", " panne de l'ascenseur social ", " crise des classes moyennes " : les anxiétés sociales se focalisent sur ce vaste ensemble dans lequel une majorité de la population tend désormais à se reconnaître. Dans quelle mesure sont-elles fondées ? Reflet de tendances lourdes ou emballement médiatique, voire rhétoriques politiques ? Réunissant les contributions d'une quarantaine de sociologues et de spécialistes en sciences de gestion, ce livre apporte une réponse nuancée. Multipliant les angles d'observation, combinant de grandes enquêtes quantitatives et des enquêtes localisées, privilégiant dans les études de cas des groupes de cadres modestes situés vers le bas des " classes moyennes supérieures ", donnant une large place aux différences liées au genre et aux générations, l'ouvrage montre que les frontières internes et externes du groupe des cadres comme des classes moyennes sont plus ou moins étanches et qu'elles fluctuent selon les domaines. Si dans le monde du travail, les contradictions du néomanagement tendent à généraliser les motifs d'insatisfactions (sur la " qualité du travail " ou la " qualité de vie "), le risque de déclassement ou de blocage de la promotion ne concerne qu'une petite fraction des classes moyennes mais crispent tous les parents dans leur relation à l'école. Dans l'espace urbain, certaines fractions supérieures des classes moyennes tendent à s'autoségréguer, tandis que d'autres vivent au quotidien la mixité sociale. Les pratiques culturelles restent distinctives alors que les comportements politiques sont davantage marqués par leur hétérogénéité. Contribuant au renouvellement du débat théorique sur la notion de classes moyennes, cet ouvrage plaide pour une analyse nuancé qui prenne en compte les diverses facettes du devenir de ce monde social qui est au cœur de la société française.