Quelle que soit la valeur de détail que l'on donne au terme d'" artisanat ", cette notion reste fortement entachée, particulièrement dans le monde romain, d'une distorsion modernisante. Consciemment ou non, celle-ci voudrait faire de l'artisanat une simple étape dans la marche à l'industrialisation, organisant une compétition à peine tacite pour déterminer quelle aire de civilisation a pu, et sous quelle forme, préfigurer la révolution industrielle. Il y a lieu de se demander si le concept d'" artisanat " a sa raison d'être dans l'antiquité, alors même que son utilisation ne porte qu'à des exclusions arbitraires rarement justifiées de sources ou de fragments de sources. À Rome, en Italie et dans les provinces, il semble opératoire de s'appuyer sur le concept d'ars, dans son acception de savoir-faire. Faute de terme explicite pour caractériser l'ensemble des activités dans le vocabulaire antique, le recours au vocable - assez neutre - de métier paraît adéquat. On pourra le délimiter ainsi : Activité fondée sur la mise en oeuvre d'un savoir technique, nécessitant l'emploi d'outils (cognitifs ou matériels) et qui tend au dégagement d'une plus-value. Cette définition est suffisamment large pour englober tous les métiers - depuis le manieur d'argent au potier en passant par les barbiers et les architectes - et permet d'entreprendre une recherche ayant vocation, à partir d'une étude technique, à résoudre des questions d'ordre économique et social. Dans ce chapitre, des cas pour l'essentiel issus de Pompéi permettent de cerner les contours de cette définition des métiers.