Ce livre aborde la question de la justice sociale à travers une perspective historique qui vise à éclairer la tension à travers laquelle l'époque contemporaine appréhende cette question : ne pas trahir l'exigence d'égalité, valeur de référence démocratique, tout en faisant droit à la différence, prétexte à mille revendications. Il revient sur les grandes étapes au cours desquelles les repères fournis par la nature aux Anciens pour évaluer les différences et penser l'ordre juste ont progressivement été brouillés. De l'universalisation du concept d'égalité, sous la double influence du stoïcisme et du christianisme, à l'affirmation des théories contractualistes avec les philosophies du droit naturel, l'individualisme moral est devenu la base instable sur laquelle bâtir la société juste. Cette situation nouvelle a suscité l'émergence de synthèses normatives inédites, libérale ou républicaine, ainsi qu'à des réactions critiques, conservatrices ou marxistes. L'ère ouverte par la révolution des droits de l'homme, ayant confirmé la passion des peuples démocratique pour l'égalité des conditions analysée par Tocqueville, le débat sur la justice sociale a naturellement retrouvé une place centrale dans la philosophie politique contemporaine. Organisé autour de la discussion ouverte par la Théorie de la justice de John Rawls, ce débat indique la façon dont libéraux, libertariens, communautariens, féministes et multiculturalistes proposent d'articuler la dignité de la personne au respect des différences.