Aujourd'hui, de nombreuses initiatives collectives impliquant des producteurs en circuits courts se développent : magasins et marchés de producteurs, associations de points de vente à la ferme, plateformes d'approvisionnement de la restauration collective, ateliers collectifs de transformation, etc. L'action collective est en effet por¬teuse d'effets de levier, à la fois au plan de l'exploitation (marge, temps de travail, accès à des circuits de commercialisation, des outils fermés à titre individuel) et au plan du territoire (création d'emploi, appui pour l'installation et le maintien d'agricul¬teurs, etc.). Pourtant, tous les producteurs en circuits courts n'ont pas recours à l'ac¬tion collective car ils craignent de retrouver le système coopératif classique dans lequel ils ne se retrouvent plus. Sur quelles bases se fondent ces nouvelles formes de coopération en circuits courts dans le monde agricole ? Comment préserver la liberté d'action (notamment stratégie de commercialisation) de chaque exploitation en circuits courts tout en développant un projet collectif autour d'un outil commun ? Comment faire en sorte que cet outil commun préserve cet ancrage local ? Et comment maintenir un équilibre entre projet collectif, stratégie individuelle et projet de territoire ? Pour comprendre comment les collectifs de producteurs en circuits courts se développent et assurent leur équilibre pour se pérenniser, nous avons analysé de manière approfondie le fonctionnement et l'organisation de trois ateliers de transformation. L'étude a été réalisée à partir d'entretiens semi-directifs conduits auprès de producteurs et d'accompagnateurs impliqués dans ces trois projets (soit au total 25 entretiens), dans le Grand Ouest en 2010. Par analogie avec le monde culinaire, nous proposons une recette des collectifs de producteurs fondée sur trois ingrédients : l'outil de transformation et commercialisation en commun, les projets d'exploitation et l'ancrage local.