En Europe, les espaces publics jouent traditionnellement un rôle structurant dans l'organisation des villes comme dans la définition de l'urbanité. Ils sont pour une grande majorité d'entre eux placés sous la responsabilité des pouvoirs publics qui les aménagent, les gèrent et en contrôlent les usages. Mais depuis les années 1970, de nouveaux espaces publics sont apparus : centres commerciaux, parcs de loisirs, esplanades sur dalle, etc. qui font office d'espaces publics et sont pour certains produits et gérés par des acteurs privés. En parallèle, les espaces publics traditionnels des centres-villes se sont profondément transformés dans leurs fonctions et dans leurs pratiques, en grande partie sous l'impulsion des pouvoirs publics qui en ont la charge. Dans cet article, les catégories de 'centre' et de 'périphérie', ainsi que celle de 'centralité' - qui ont été théorisées depuis longtemps par les géographes - sont mobilisées pour caractériser et expliquer ces dynamiques de changement. L'objectif est d'analyser le lien qui peut exister entre les politiques menées en matière d'aménagement des espaces publics d'une part, et le niveau de centralité auquel se situent ces espaces publics d'autre part. Nous nous appuierons pour cela sur les cas de Paris et de Berlin, plus précisément les cas de Paris intra muros et Berlin Innenstadt. L'enjeu est moins de comparer deux types d'action publique ou d'étudier les transferts de modèles urbanistiques qui ont pu avoir lieu entre ces deux espaces, que de mettre en œuvre une approche croisée dans le but d'interroger la pertinence de la catégorie de 'centralité' pour analyser les formes et modes de production des espaces publics, au-delà des différences liées aux contextes locaux.