Les travaux qui portent sur la diffusion sociale des instruments biologique et notamment ceux de dépistage, adoptent généralement deux types de raisonnement. Le premier réclame une réglementation publique devant sanctionner ou interdire certains types d’usages, le second, d’inspiration plus libérale, exige un renforcement des droits individuels pour lutter contre les risques de stigmatisation découlant d’un usage généralisé de ces instruments de dépistage et de l’information qu’ils produisent. Dans les deux cas, la force, l’autonomie et les effets propres des instruments techniques ne sont pas ou peu traités. Pour saisir ces phénomènes, cet article prend ses distances avec ces deux postures normatives pour recentrer la réflexion sur le sens et la portée du déploiement des techniques et des politiques de dépistage des drogues dans le monde du travail. A l’instar des travaux de sciences sociales qui s’intéressent à la carrière des problèmes publics, nous interrogeons les processus sociopolitiques par lesquels le dépistage des drogues s’est imposé comme une solution aux différents problèmes posés par la consommation de drogues dans les entreprises américaines