L'intérêt renouvelé pour les migrations africaines et leurs trajectoires à mis sous les feux de la curiosité des journalistes et des chercheurs des espaces de transit que l'on croyait oubliés. C'est le cas du Sahara, qui après la fin des commerces caravaniers et la reconfiguration des voies commerciales selon les intérêts coloniaux, a retrouvé son rôle avec les indépendances et le renouveau de liens interafricains. Depuis une dizaine d'années les souvenirs des anciennes routes caravanières, récupérés et romancés pour favoriser le tourisme, se mélangent avec un nouveau usage de ces mêmes voies: elles sont devenues les trajectoires migratoires d'une partie de la jeunesse de l'Afrique Noire en route vers l'Europe ou le Maghreb. L'objectif dans cet article est de donner une idée de la profondeur historique où prennent sens, encore aujourd'hui, les rencontres, dont ces lieux sont le théâtre. On portera une attention particulière aux relations entre le Maroc et le Sénégal, pays étroitement liés depuis la dynastie des Almoravides (8ème siècle) qui ont gardé une relation privilégiée jusqu'à aujourd'hui grâce aux liens religieux qui au cours du temps se sont renforcés en favorisant d'autres types d'échanges.