La socialisation européenne des eurodéputés est un sujet de débat au sein des Etudes européennes. Appréhendée le plus souvent selon une ligne de clivage entre " eurosceptiques " et " pro-intégrationnistes ", elle est minimisée : l'appartenance à l'assemblée européenne n'entraînerait pas de " conversion " notable à l'Europe et à la cause de son approfondissement. En considérant la socialisation à l'Europe de manière différente - à savoir comme acquisition de savoir-faire spécifiques et d'un sens pratique adapté au jeu politique européen -, nous souhaitons mettre en évidence ses effets au près des eurodéputés a priori les moins disposés : les eurodéputés dits "eurosceptiques" ou "eurocritiques". Dans le cadre de cette communication, nous nous concentrons sur les eurodéputés français de la gauche eurocritique, inscrits au groupe de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL). L'étude des pratiques concrètes de ces élus montre que non seulement la posture eurocritique n'implique pas nécessairement le refus de l'investissement au sein de l'assemblée, mais également que l'investissement dans le mandat européen n'implique pas forcément l'adhésion aux politiques européennes. Contre une perspective axée sur une lecture opposant les " pro " et les " anti ", il est possible d'envisager la contestation de l'Europe comme l'une des modalités possible de l'investissement à l'Europe.