Les " communes périurbaines ", les " espaces pavillonnaires ", le " périurbain lointain ", l'importance des " gradients d'urbanités "... sont autant de catégories, plus ou moins bien définies et plus ou moins scientifiques, qui ont été au cœur des discours médiatiques et semi-savants tenus avant, pendant et après la dernière élection présidentielle, essentiellement pour en souligner le survote en faveur du Front national. Exactement comme ceux qui s'expriment dans d'autres types d'espaces, les comportements électoraux des habitants des communes périurbaines méritent pourtant une analyse plus fine et plus nuancée, qui peut alors permettre de revenir sur les rapports entre position sociale, position spatiale et comportement électoral. Tout en resituant les votes dans les contextes sociogéographiques où ils sont produits, il convient en effet d'éviter de tomber dans le piège du " spatialisme ", autrement dit d'accorder à la localisation géographique un pouvoir explicatif propre et autonome des logiques sociales (Ripoll, Rivière, 2007). En mobilisant certains éléments de nos thèses respectives (Gombin, 2013; Rivière, 2009), nous voudrions ainsi montrer que des catégories telles que celle de " commune périurbaine ", si elles exercent de réels effets d'étiquetage sur leurs habitants - qui participent d'ailleurs des rapports symboliques de domination au regard des valeurs portées par les élites des centres-villes -, ne constituent pas des outils analytiques suffisants pour restituer la richesse des configurations socio-électorales qui s'y déploient. De manière complémentaire à un certain nombre de travaux récents qui contribuent aussi à déconstruire ces associations hâtives à partir d'enquêtes ethnographiques (Cartier, Coutant, Masclet, Siblot, 2008, chap. 6, " La droitisation des pavillonaires "; voir notamment Girard, 2013; Lambert, 2012), nous défendrons ici l'intérêt d'analyses quantitatives (basées à la fois sur des données agrégées de manière classique en analyse écologique mais aussi sur des questionnaires " sortie des urnes " localisés) permettant d'analyser les processus en cours selon les deux types d'approches évoquées dans l'appel à communication (" données statistiques permettant de décrire les dynamiques affectant les territoires périurbains [...] en questionnant les échelles " et " étude intensive de configurations socio-locales déterminées "). Dans un premier temps, une régression multiniveaux portant sur les résultats de l'élection présidentielle de 2012 dans 18 170 communes appartenant à l'ensemble des aires urbaines françaises permettra de préciser les relations entre position sociale et comportement électoral, tout en soulignant la grande variabilité spatiale de ces relations. Dans un second moment, l'exploitation d'une enquête par questionnaires réalisée lors du scrutin présidentiel de 2007 dans huit communes d'aires urbaines moyennes mettra l'accent sur la nécessité de proposer des systèmes explicatifs " à géographie variable " au sein des mondes périurbains, et ce via des données individuelles.