Ce dossier de Politix vise à la fois à interroger les conditions d’actualisation de la domination exercée par la FNSEA et à rendre compte de la diversification des lieux de production des intérêts agricoles. Les espaces pertinents ne sont pas pour autant circonscrits aux seules structures composées d’agriculteurs, puisque deux articles proposent une réflexion sur le rôle des médias, généralistes et spécialisés, dans la construction des représentations de l’agriculture. Par ailleurs, les articles réunis dans ce dossier portent sur des espaces d’interaction situés dans un cadre national et infra-national : sans minimiser les effets de processus internationaux, il s’agit de rappeler que les productions des représentations agricoles ne dépendent pas uniquement d’eux et qu’on ne peut en saisir toutes les logiques sans observer ce qui se passe au « niveau méso » de l’organisation. Si ce type d’approche peut aujourd’hui apparaître comme tout à fait classique en sociologie politique, les études sur les engagements des agriculteurs ont jusqu’ici peu tiré profit des possibilités offertes par l’ethnographie des collectifs militants, et ont eu tendance à faire reposer le travail de représentation sur les seules dispositions et stratégies des dirigeants. En s’attachant au contraire à restituer les histoires des groupes, à identifier les logiques sociales et les pratiques collectives qui participent à leur homogénéisation et à la légitimation de leurs porte-parole, les analyses proposées dans ce numéro contribuent à renouveler les approches des représentations agricoles.