Notre propos ne sera pas de discuter le détail des propositions du CEHGRW : cette tâche serait trop ambitieuse, voire démesurée, et seuls des spécialistes des périodes et régions considérées peuvent le faire avec profit. C'est pourquoi, en premier lieu, nous nous attacherons à présenter les rapports entre économie et histoire, du point de vue de la crise de la science économique des années 1970. Confrontée à de graves difficultés internes, la traditionnelle " économie politique " est devenue une " science économique ", en étendant sa méthode et en diversifiant des objets. Ce que nous dénommons, le premier néoinstitutionnalisme, que North n'a jamais vraiment renié, a été une pièce importante de cette stratégie intellectuelle. Mais, il serait injuste de ne pas prendre en compte l'évolution de la pensée de North : celui-ci affirme avoir pris des distances avec les travaux qui lui ont valu d'être distingué par la Banque de Suède en 1993 . C'est pourquoi, en second lieu, nous proposons une interprétation du néoinstitutionnalisme tardif, qui se développe durant les années 1990. Cette évolution est sanctionnée par une attention croissante apportée à la question des croyances et de l'idéologie : la science économique nouvelle ne devrait pas être simplement une théorie des choix mais être aussi une théorie de la détermination des choix. Cette évolution cache mal, selon nous, un tournant culturaliste qui devrait étonner. En troisième lieu, nous discutons de certaines thèses que North développe, depuis peu, sur l'importance du politique quant à la compréhension de la dynamique historique. Mais, cette dernière évolution se fait au prix de certaines équivoques. La conclusion évoque, à cet égard le rôle du contexte social et économique, qui fut décisif pour cette diffusion du paradigme néoinstitutionnaliste, mais qui peut maintenant laisser entrevoir des remises en cause fructueuses.