Cet article propose d'aborder le phénomène révolutionnaire Haïtien à selon un angle qui demeure marginal dans les travaux sur le sujet : celui des circulations d'idées et de théories, d'acteurs et de pratiques, de symboles et de lectures des révolutions vers le continent sud- Américain. La révolution se définit en effet comme l'invention d'un ordre politique et social radicalement nouveau. Pourtant la rupture de la légalité, ainsi que l'élaboration de normes nouvelles suscitent fréquemment l'appel à des pratiques expérimentées et légitimées dans d'autres révolutions. Les révolutions de l'époque contemporaine sont donc connectées entre elles par un large et complexe faisceau de symboles, d'images, des textes, de gestes et de codes, mobilisés et constamment réinterprétés et même réinventés par les acteurs qui, ainsi, n'ont de cesse de citer - consciemment ou non - les révolutions passées ou contemporaines à mesure qu'ils font la leur. Ce choix permet d'étudier de façon cohérente l'entité géographique de l'Amérique dans un sens large, en dehors des frontières, ces limites que la circulation des idées ignore, et dont les populations de la fin du XIXème siècle n'ont pas toujours une conscience claire. Le terme " Amérique " est compris au XIXème siècle dans un sens large, il englobe tout ce qui est au delà de l'océan y compris les Antilles. A l'heure où de nombreux pays Latino-Américains commémorent le bicentenaire de leurs indépendances, et Haïti bientôt les 220 ans de celle-ci et de l'abolition de l'esclavage ; il est essentiel de rappeler les interdépendances entre les révolutions dans les Amériques. C'est l'occasion de rappeler et actualiser les avancées historiographiques dans ce domaine.