""Such an ordinary story" : le corps à la rescousse dans " The Man Who Gave up his Name " - HAL-SHS - Sciences de l'Homme et de la Société Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Annales du Monde Anglophone Année : 2000

""Such an ordinary story" : le corps à la rescousse dans " The Man Who Gave up his Name "

Résumé

Cet article propose une lecture d'une nouvelle assez atypique dans l'œuvre de Jim Harrison : l'intrigue de " The Man Who Gave up his Name ", en effet, concerne un business man terne, ancré dans un paysage urbain et banal, et traversant la classique crise d'identité de la quarantaine. Pourtant, c'est en poussant l'ordinaire et la norme à l'extrême que Harrison, qui a davantage habitué son lecteur aux grands espaces et aux hauts-faits, fait naître le vertige au cœur d'une Amérique " mainstream " devenue aussi insuffisante qu'inquiétante. L'histoire de Nordstrom est d'autant plus remarquable que la voix narrative ne cherche à aucun moment à la rendre telle ; bien au contraire, elle souligne la dimension convenue, attendue de la remise en cause de sa vie par un homme jusque-là caractérisé par une réussite tant professionnelle que familiale. Le mode du cliché s'installe donc au cœur de ce qui devrait être un événement hautement individuel. Parce que le personnage tient un journal intime qui vient s'enchâsser dans le récit à la troisième personne, parce qu'il voit un psychiatre devant lequel il essaye de mettre sa situation en mots, la dimension naïve et limitée de l'expérience de Nordstrom est soulignée : luttant avec le langage qui reste chez lui désespérément référentiel, incapable d'accéder à une lecture symbolique ou imaginative du monde qui l'entoure et dans lequel son existence demeure stéréotypée quels que soient ses faits et gestes, Nordstrom semble incarner un véritable défi pour l'écrivain qu'est Harrison. La nouvelle, pourtant, fidèle au cadre ordinaire qu'elle a choisi d'exploiter, offre au personnage une rédemption au cœur même du quotidien et du corporel : c'est en dansant, seul chez lui, et en cuisinant que Nordstrom retrouve une raison de vivre, ou plutôt renonce à toute raison nécessaire pour continuer à le faire. Les deux activités réveillent et engagent son corps et sont manifestement liées à un désir sensuel ; elles ancrent le personnage dans le besoin de satisfaire une part instinctive de lui-même. C'est au moment même où il confesse ne plus éprouver le moindre intérêt pour son histoire " tellement ordinaire " que Nordstrom abandonne son nom après s'être débarrassé de toute trace de son passé, et devient cuisiner et danseur solitaire d'un petit restaurant de bord de mer. L'épiphanie que toute nouvelle " classique " se doit de contenir est ici limitée à une saveur à peine relevée, " a refreshing tang of the ordinary " que le personnage introduit dans sa vie et Harrison dans son texte.
Fichier non déposé

Dates et versions

halshs-01057606 , version 1 (24-08-2014)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-01057606 , version 1

Citer

Sophie Vallas. ""Such an ordinary story" : le corps à la rescousse dans " The Man Who Gave up his Name ". ""Such an ordinary story" : le corps à la rescousse dans " The Man Who Gave up his Name ", May 1999, France. pp.141-151. ⟨halshs-01057606⟩
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