On ne trouve pas une théorie explicite du changement social chez Wallon. Il n'a pas étudié comment les hommes, dans leurs relations sociales, sont amenés à réagir aux institutions dans lesquelles ils ont vécu, à éprouver leurs insuffisances, à en produire de nouvelles. Sa préoccupation principale était autre, on le saisit quand on considère ce à quoi il s'oppose: à ce qu'il appelle "les idoles" de la psychologie, et les exemples qu'il en donne - les images, l'association des idées, l'attention, la volonté... - désignent les "fonctions psychologiques" entre lesquelles la philosophie de l'esprit a distribué les actes mentaux, et qu'elle a transmises par le canal de l'introspection à la psychologie expérimentale, et même, paradoxalement, aux recherches du béhaviorisme et de la psychologie sociale. Ce qu'il a voulu, c'est, nous semble-t-il, fonder une psychologie critique: prenant pour point de départ la "réalité concrète" des réalisations de la vie mentale, des comportements des individus dans leurs "rapports avec les différents systèmes de réalité" qui agissent sur eux, Wallon recherche les fondements de leur avènement et de leur développement dans les relations qu'ils intaurent entre leurs structures biologiques et leurs milieux d'existence.