En décembre 2003, dans le cadre de son processus d'intégration à l'Union européenne devenue effective en mai 2004, la Hongrie a adopté une loi « parapluie » sur l'égalité des chances qui englobe l'égalité professionnelle hommes-femmes et la lutte contre les discriminations en général. Un petit nombre de femmes syndicalistes engagées dans la défense de la cause des femmes ont activement soutenu l'avènement d'une telle loi. Bien que faiblement institutionnalisée, et peu reconnue par les acteurs de la société civile, cette contribution syndicale à la mise à l'agenda de la question de l'égalité (Boussaguet, Jacquot, 2009) est particulièrement intéressante. Dans le fil des recherches en sociologie et en sciences politiques sur les usages syndicaux du droit (Pélisse, 2007a, Willemez, 2003) et sur les mobilisations juridiques en faveur de l’égalité (McCann, 1994 ; Bereni, 2007 ; Lépinard, 2007 ; Revillard, 2007) , nous essayerons de comprendre l’usage stratégique de la contrainte européenne en matière d’égalité par une poignée de femmes syndicalistes confrontées à une dégradation de la situation des femmes sur le marché du travail depuis la transition de la Hongrie vers la démocratie et l’économie de marché.