La cartographie de phénomènes liés à la population présente l’inconvénient de projeter sur l’espace des valeurs sans rapport avec la superficie. Les cartes par anamorphoses, également dénommées cartogrammes, permettent de résoudre ce problème en faisant varier la taille des unités spatiales proportionnellement à la variable à représenter (celle-ci doit alors être quantitative et non-négative). Au-delà de la question de la sémiologie, c’est une approche spécifique de la cartographie qui sous-tend l’usage des cartogrammes: visualiser les structures spatiales qui sont «invisibles» à travers la cartographie thématique classique (Cauvin et al., 2008), c’est-à-dire, dans ce cas, la cartographie par cercles proportionnels. D’un point de vue méthodologique, le principe d’ajustement du fond de carte à la variable thématique consiste à décomposer la surface de la zone d’étude selon une grille, puis d’agrandir ou rétrécir la surface de chaque cellule de la grille jusqu’à obtenir pour l’ensemble des unités spatiales une relation proportionnelle entre surface et valeur thématique (Gastner, Newman, 2004). Il en découle une propriété utile à l’interprétation de ce type de cartogramme: la densité y est égale en tout lieu. L’exemple traité ici vise à donner une représentation cartographique du poids des pays du monde selon trois critères. Les indicateurs retenus sont les plus classiques: nombre d’habitants (données des Nations Unies), produit intérieur brut et revenu intérieur brut en parité de pouvoir d’achat (données de la Banque mondiale). Bien qu’ils ne soient pas exempts de défauts, ces indicateurs ont le mérite de donner trois éclairages complémentaires de la hiérarchie mondiale.