L’édition numérique « Lettres et textes » a délibérément pris le parti de publier des textes littéraires et des lettres de manière à éclairer, par les correspondances, la genèse et la réception d’œuvres majeures de la littérature romantique allemande. La modélisation des données comporte ainsi un volet génétique et un volet réticulaire destinés à rendre compte de l’ensemble des phénomènes textuels qui sont au cœur du projet éditorial. Les directives d’encodage qui sous-tendent l’édition présentent ainsi la singularité d‘être applicables à des genres de textes différents et de rester relativement économiques (dû au contexte de financement du projet dont l’édition est issue). Dans cette contribution, je présenterai d’abord l’objet de cette édition et la question de recherche à laquelle elle répond. Je m’attacherai ensuite à présenter plus singulièrement la façon dont cette perspective éditoriale permet d’aborder les phénomènes de variance au sein des textes de nature épistolaire qui y sont fortement représentés, soit sous la forme de lettres réellement échangées, soit sous celle de récit intégrant des lettres fictives ou de compte-rendu critique formulé sous formes de lettres. Je reviendrai plus particulièrement sur deux points : 1) l’encodage XML/TEI utilisé dans l’édition pour rendre compte des changements de mains au sein d’un même manuscrit (interventions de l’auteur étalées dans le temps, interventions de tiers) ; 2) les questions de visualisation de la comparaison entre plusieurs états de texte (hiérarchisation et présentation des informations collationnées). Il s’agira ainsi d’interroger plus largement les opportunités, mais aussi les limites, présentées par les éditions numériques dans l’appréhension des phénomènes de variance.