« Alors qu’en 1989 les manifestants scandaient à Prague le « retour à l’Europe », une Europe mythifiée par les dissidents, l’euphorie de la Révolution de velours s’est vite estompée pour laisser place aux doutes et incertitudes liées à l’adhésion de la République tchèque à l’Union européenne (UE) ». Progressivement, la méfiance s’installe, on craint que les institutions ne menacent l’autonomie tchèque tout juste acquise. C’est dans ce contexte que l’ODS (Občanská Demokratická Strana), le parti conservateur et libéral tchèque dirigé par Václav Klaus développe un discours profondément anti-Union Européenne, qu‘il juge trop sociale, bureaucratique et partiale. L’ODS se défend pourtant de l’accusation d’euroscepticisme, se présentant comme « euroréaliste ». Dans cette étude, l’auteur s’intéresse à la difficile définition de l’euroscepticisme, et à la question de la cohérence du discours eurosceptique de l’ODS avec son programme politique, tout en se demandant dans quelle mesure les adhérents ou sympathisants du parti cautionnent cette approche critique de l’UE. Elle analyse tout d’abord l’évolution du discours de l’ODS sur l’UE, puis examine les dissensions internes du parti sur la ligne à tenir. Elle conclut sur la perception de ce discours par les autres acteurs politiques, et montre toute l’ambivalence de l’ODS, largement dépendant, selon l’auteur, de la personnalité de Václav Klaus.