Le marché du carbone européen est le résultat de trois processus parallèles : un mouvement intellectuel et politique de critique et de réforme de la régulation environnementale, une suite de négociations interdépendantes aux niveaux national, européen et international, et un jeu institutionnel autour d’une interprétation spécifique du marché du carbone comme instrument décentralisé des politiques climatiques. Plusieurs remarques à portée théorique découlent de notre recherche: 1) Pour comprendre le processus de formulation des politiques climatiques européennes, nous devons dépasser la concentration sur les seules échelles européenne et nationale, et adopter un regard multiniveaux qui inclut l'échelle internationale et des éléments de comparaison transnationale. 2) Les instruments des politiques publiques interviennent d’une façon particulière dans l’espace social où ils sont porteurs d’un « script », qui, loin d’être immuable et univoque, peut être utilisé de manière stratégique, détourné, ou partiellement réécrit par les acteurs. 3) L’ETS n’est pas le produit d’une simple application de théorèmes économiques, mais le fruit d’une "coproduction", dans laquelle les débats économiques et juridiques ont eu un rôle aussi important que les négociations politiques aux niveaux onusien et européen, d’une part, les spécificités de la construction européenne, d’autre part.