L'appréhension du monde monastique par l'étude de la "vie quotidienne" est assurément originale, faisant honneur à la part non liturgique du déroulement de chaque jour vécu par le religieux, y compris dans ses dimensions concretes et matérielles, pour lesquelles la demarche archéologique s'impose presque naturellement. Si le concept de "vie quotidienne", discuté par les sociologies plus que par les historiens, reste dififcile à definer, il se conçoit dans l'articulation subtile entre temps et espace, movement et matérialité, nécessité et régularité, faisant que chaque geste de cette "vie quotidienne" peut devenir le signe d'une liberté absolue, paradoxalement premise par l'application de la règle. Faite d'usages, la "vie quotidienne" dans un monastère où la totalité du temps et de l'espace est d'abord vouée à la célébration de Dieu, est mouvante et singulièrement variée ; elle se prête peu à la generalisation qui n'est guère possible en dehors des sources normatives. Comment alors partir en quête des traces et empreintes qu'ont laissées les pratiques quotidiennes des religieux dans les lieux qui furent pour eux le cadre de leur vie terrestre ? Entre les établissements disparus corps et biens dans l'oubli des siècles, les lambeaux de sol miraculeusement préservés par les reconstructions multiples et les sites dont on ne sait s'il s'agit d'un grand domaine aristocratique ou d'un petit monastère, il paraît indispensable, pour ne pas tomber dans un inventaire à la Prévert, de s'interroger sur les méthodes d'acquisition, de caractérisation et d'interprétation des données tant matérielles que textuelles. Cette démarche sera assurément plus constructive, dans une publication sur l'état des sources, qu'une simple juxtaposition de cas dont la diversité empêcherait de tracer un panorama général, nécessairement réducteur.