La politique Trame verte et bleue (TVB), actuellement en cours de déploiement en France, s’inscrit dans un contexte de changement de perspective, au moins dans le discours, en matière d’action environnementale. corridors, trames et réseaux écologiques proposent de renouveler la vision aréale de la gestion de la biodiversité par une vision réticulaire. Il ne s’agit plus de se focaliser seulement sur les espaces et les espèces emblématiques, mais de considérer également la biodiversité ordinaire et de prendre en compte toutes les échelles. A une logique d’exceptionnalité, de localisme et de partition de l’espace (l’aire protégée, la réserve naturelle, etc.) se juxtapose désormais, une logique où tous les espaces, y compris les plus anthropisés, peuvent être pris en compte sous l’angle des continuités et fonctionnalités écologiques. Cette démarche suit les recommandations du Grenelle de l'environnement en associant les populations concernées la mise en oeuvre des politiques publiques. Ces mutations du cadre de référence de la conservation devraient permettre de repenser un appareillage conceptuel et méthodologique impliquant de nouvelles connaissances, de nouveaux outils, de nouveaux acteurs à tous les échelons territoriaux (du réseau écologique continental au document d’urbanisme local). Or, en dépit des discours, les connaissances mobilisées, les acteurs sollicités et les méthodes employées n’évoluent guère. es outils semblent faire défaut pour appréhender cette complexité et les pratiques demeurent marquées par une forte inertie. Les données, souvent inadaptées, sont généralement recyclées et doivent satisfaire des standards de la planification peu propices l’innovation. Face à ces enjeux, il nous semble pourtant possible de renouveler les méthodes en concevant de nouveaux outils avec les acteurs du territoire. Nous avons donc initié une démarche exploratoire visant favoriser la mobilisation et l’appropriation des enjeux par les acteurs locaux. Cette démarche s'insère dans le cadre de l’élaboration des Trames vertes et bleues de la région Poitou-Charentes et concerne les continuités écologiques bocagères. Le croisement d’une approche paysagère par enquête photographique et d’une démarche de déconstruction-reconstruction cartographique a permis de mettre en dialogue différents systèmes de représentation et d’interprétation : savoirs experts, savoirs scientifiques, savoirs vernaculaires, pour ensuite proposer un dispositif de médiation entre les constructions institutionnelles et les représentations vernaculaires de la biodiversité à l’échelon local. e recours au traitement d’images et au SIG offre le matériau exploité au sein d’ateliers participatifs et permet la traduction projectionnelle de représentations paysagères tangentielles. Les résultats de cette co-production cartographiques sont nécessairement multiples, l’argumentaire étant directement issu de la confrontation de points de vue des acteurs. a mise en forme spatialisée d‘argumentaires développés en ateliers offre un socle informationnel riche pour une cartographie plurielle des continuités écologiques. Une telle approche fondée sur des dispositifs participatifs, favorise une plus grande richesse des représentations cartographiques. La démarche montre que traiter des continuités écologiques ne consiste pas seulement à résoudre des questionnements scientifiques et techniques mais aussi à prendre en compte des enjeux de gouvernance. Elle replace également les dimensions sociales et culturelles au coeur du débat et interroge la pertinence de la carte comme support de médiation