Ce chapitre aborde quelques considérations générales au sujet de l’interprétation de la notion de propriété foncière afin de la replacer dans son contexte sociohistorique. Il illustre ensuite la difficulté de généraliser la notion à d’autres sociétés dont les systèmes de valeurs et les cosmogonies sont différentes par un exemple australien du Désert de l'Ouest. Il apparaît que le « foncier » y est caractéristique de deux divergences fondamentales par rapport à l’entendement occidental (et donc par rapport au système juridique australien), qui sont pour la première que le foncier n’est pas conçu en termes de surfaces, mais de points ou pôles de concentration mythologique, sociale et culturelle ; ensuite, pour ce qui est de la seconde, que l’affiliation foncière n’est pas héritable ou transmissible, mais doit être acquises au cours de la vie par divers mécanismes socialement reconnus. Ces deux caractéristiques permettent de renforcer l’hypothèse anthropologique selon laquelle la propriété règle davantage des questions de relations entre les gens que des relations entre les gens et la chose. Elle permettent également d’illustrer à quel point les conceptions et affiliations foncières sont des technologies sociales qui articulent les réseaux et relations sociales, et que, en ce sens, la géographique n’est que lorsqu’elle est humanisée.