"Conflits urbains et ville néolibérale. Quelques réflexions a partir des villes en Turquie"
Résumé
Ces dernières années, la multiplication des travaux sur les effets du néolibéralisme sur les métropoles témoigne de l’intérêt du monde académique pour ce thème en s’ajoutant aux travaux classiques d’auteurs comme David Harvey (2007, 2012), Nik Theodore et Neil Brenner (2002) - ou encore Neil Smith (1996) qui a parlé de revanchist city – le tout ayant marqué fortement la littérature. Selon ces travaux, les villes, qui faisaient auparavant office d’espaces relativement passifs de déploiement de l’appareil industriel et de production des politiques du welfare, sont devenues des lieux centraux pour la mise en place de mécanismes optimums d’allocation des ressources. Les politiques de métropolisation ont devancé les politiques d’aménagement (Pinson, Rousseau, 2011), le tournant néolibéral s’étant traduit par un déplacement des politiques urbaines d’un référentiel de redistribution vers un référentiel d’attractivité et de compétitivité
Si beaucoup d’encre a coulé sur cette éventuelle néolibéralisation des villes, très peu de travaux se sont penchés sur les liens possibles entre ce processus à l’échelle globale et la montée des conflits locaux - de plus en plus liés à l’organisation des villes - allant des mobilisations de quartier, des résistances aux évictions, des squats et habitats alternatifs aux mouvements pour la protection des ressources naturelles ou d’opposition aux grands projets d’aménagement (occupation du parc Gezi à Istanbul) ou ségrégations socio-spatiales ressenties par les populations (Rio de Janeiro et Ferguson).
Ce processus fait l’objet d’une intense production scientifique en Turquie, notamment à travers l’analyse de la restructuration de l’espace urbain sous le pouvoir du Parti de la Justice et du Développement, puisque, depuis une dizaine d’années, on observe dans toutes les grandes métropoles turques le même type de politiques urbaines - dont l’objectif est la rentabilisation de l’espace - et des résistances de citadins en conséquence. Notre objectif pour cette communication sera de proposer des pistes de réflexion sur les liens éventuels entre la ville néolibérale et les conflits urbains à travers quelques exemples empiriques dans deux grandes villes turques : Ankara et Istanbul. Nous tenterons de dégager quelques caractéristiques communes de ce que l’on appelle la ville néolibérale dans l’optique de voir si oui ou non elles constituent des raisons directes ou indirectes dans l’émergence de différents types de conflits urbains.
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