Position du problème : Au Bénin, le paludisme a représenté en 2012, la première cause de consultation chez les enfants de moins de cinq ans (47,2%) et pour l’ensemble des personnes traitées en ambulatoire (42,3%). Son incidence parmi tous ceux qui ont fréquenté une structure de soins en 2012 est, respectivement, de 429 pour mille chez les enfants de moins de 5ans et de 170 pour mille pour l’ensemble des consultants. En vue d’améliorer ces indicateurs, le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) a décidé de mettre en oeuvre, à titre expérimental, en complément à la moustiquaire imprégnée d’insecticide à longue durée (MIILD), la pulvérisation intra domiciliaire (PID) dans sept des neuf municipalités du département de l'Atacora, une des zones parmi les plus endémiques de paludisme au Bénin. La présente étude cherche à évaluer l’évolution du profil entomologique et épidémiologique un an après la mise en oeuvre de la PID dans la commune de Kouandé et dans la commune contrôle de Copargo. Méthode : Il s’agit d’une étude entomologique et épidémiologique, descriptive et comparative comportant une double démarche rétrospective (mai 2010 à mai 2011) et prospective réalisée pendant et après la PID (mai 2011 à mai 2012). La technique d’échantillonnage utilisée a été non probabiliste pour toutes les cibles. En ce qui concerne les données entomologiques, les moustiques ont été capturés par aspersion d’insecticide à l’intérieur des maisons et sur appâts humains. Une fiche de recueil a été conçue pour la collecte des données épidémiologiques aussi bien pour la phase rétrospective que pour la phase prospective. Résultats : Les résultats des études entomologiques montrent que, quelle que soit la saison, la transmission du paludisme est continue dans la commune de Kouandé et que l’effet du bendiocarb utilisé pour PID est faible après trois mois. En revanche, en toute saison, les taux de piqûre et d’infestation ont baissé en zone PID bien qu’on y a noté un développement de la résistance des moustiques aux carbomates (bendiocarb 0,1%). Au plan épidémiologique, la proportion de femmes enceintes à risque de paludisme, ayant bénéficié d’une MIILD au cours de la distribution de routine durant la CPN, a diminué à Kouandé-Centre et à Guilmaro après la mise en oeuvre de la PID. La même tendance a été observée en zone contrôle. Dans le même temps, l’incidence annuelle du paludisme dans les formations sanitaires (cas présumés ou confirmés) a significativement diminué après l’intervention à Kouandé-Centre et à Guilmaro alors qu’elle a significativement augmenté à Copargo-centre mais diminué à Pabégou. Enfin, on note que quel que soit le type de zone (urbain ou rural), le risque relatif (RR) est significativement inférieur à 1 (borne sup IC95% est respectivement 0,279<1 et 0,240 < 1). Conclusion : L’exposition à la PID en zone de forte disponibilité de MIILD diminue le risque de contracter le paludisme au nord du Bénin. La PID en complément de la MIILD potentialise en zone de forte endémicité la protection contre le paludisme par rapport à la seule utilisation de la MIILD.