La séance d’aujourd’hui est consacrée à la place que le banquet occupe dans l’imaginaire politique; elle porte sur le rôle que le festin joue dans l’exaltation des pouvoirs établis et dans la préservation de l’ordre social ou, en revanche, dans la contestation et dans la révolte; elle con-cerne le sens de la commensalité comme moyen de manifester ou de cacher les différences de puissance et de richesse existant au sein de la communauté humaine. Manger et boire en société est un acte dont la signification est double : s’asseoir à la même table pour partager de façon amicale et fraternelle la nourriture est certes le rite égalitaire par excellence, mais au cours du banquet, réglé par une étiquette rigoureuse, éclatent aussi au grand jour les diversités dans l’échelle des pouvoirs et des fortunes que toute collectivité recèle. Hiérarchie ou égalité, préséance ou nivellement, taxinomie sociale ou effacement des contrastes… c’est autour de ces paradoxes que se centrera notre réflexion.