Worksheets at French preschool: a paradoxical literacy object
La fiche à l’école maternelle : un objet littératié paradoxal
Résumé
This article is about the role played by worksheets in the building of knowledge in French preschool and the differentiations that these teaching aids can produce. It is built on a field study carried in six classes of grande section (third and last year of école maternelle, intended for 5-6 years children) from different social backgrounds. This article describes three dimensions related to the use of worksheets in école maternelle’s classes which, when they are combined, participate to differentiations in the construction of pupil’s knowledge. First, it shows that worksheets are not neutral mediums insofar as they are based on a specific learning mode and as they contribute to shape the knowledge itself. Then, it presents the different registers from which pupils interpret worksheets, by insisting on the fact that only a minority of pupils rely on a literacied mode which corresponds to school expectations. Finally, it underlines how worksheets material dimension tends towards to strengthening the least literacied approaches of knowledge. Thus, this article leads to a better understanding of how worksheets do not allows pupils to integrate the literacy dimension if they do not master it previously, and how the relation to knowledge and the materiality of these teaching aids contribute, on the contrary, to reinforce the registers the farthest from school expectations.
Cet article s’intéresse au rôle que les fiches jouent dans la construction des savoirs à l’école maternelle et aux différenciations que ces supports peuvent produire, en se basant sur une enquête de terrain réalisée dans six classes de grande section socialement contrastées. Il détaille trois dimensions relatives à l’utilisation des fiches dans les classes d’école maternelle qui, en se conjuguant, participent aux différenciations cognitives dans la construction des savoirs des élèves. Il montre, tout d’abord, que les fiches ne sont pas des supports neutres dans la mesure où elles s’appuient sur un mode d’apprentissage spécifique et où elles contribuent à façonner les savoirs eux-mêmes. Ensuite, il présente les différents registres d’interprétation à partir desquels les élèves se saisissent des fiches, en insistant sur le fait que seule une minorité d’élève s’appuie sur un registre littératié correspondant aux attentes scolaires. Enfin, il souligne comment la dimension matérielle des fiches tend à renforcer les approches les moins littératiées des savoirs. Cet article amène ainsi à mieux comprendre comment les fiches ne permettent pas aux élèves d’intégrer la dimension littératiée s’ils ne la maîtrisent pas antérieurement et comment le rapport aux savoirs et la matérialité propres à ces supports pédagogiques contribuent, au contraire, à renforcer les registres les plus éloignés des attentes scolaires.