Quand la télévision nourrit la passion pour le patrimoine. L’exemple des programmes télévisés français, de Chefs d’œuvre en péril à Des racines et des ailes
Résumé
Quels sont les rôles des grands médias vis à vis du patrimoine ? Ont-ils instruit les Français sur ce sujet ? Les ont-ils sensibilisés à ses enjeux ? Ont-ils permis au patrimoine de devenir un loisir populaire et partagé ? C’est à de telles questions que j’ai souhaité répondre pendant mon doctorat. J’ai notamment mis au jour que les programmes de télévision ont pu nourrir la passion grandissante des Français pour le patrimoine. Ce goût n’a longtemps concerné qu’une élite cultivée, aussi tout restait à faire quand, en 1964, Pierre de Lagarde a créé à la télévision l’émission Chefs d’œuvre en péril. Appelée à connaître un franc succès, cette émission ambitionnait d’élargir le public habituel des « vieilles pierres ». Vers 1999, la spécialisation du magazine Des Racines et des Ailes témoigne, à l’inverse, de la grande popularité du patrimoine en France à la fin du XXe siècle. Aujourd’hui encore, les audiences des programmes ne démentent pas le goût des téléspectateurs pour les émissions qui mettent en image les richesses du territoire français. L’argumentaire des journalistes, mobilisant l’histoire, le sentiment national, l’identité culturelle, fournit aux téléspectateurs toutes les raisons pour s’en passionner. Les programmes mettent en scène toujours plus de passionnés qui se dévouent à leur protection et à leur restauration. Ces témoignages humanisent des programmes qui en outre mettent en avant les manifestations d’émotion, individuelles ou collectives, autour du patrimoine. En recherchant la sympathie du téléspectateur, les journalistes espèrent aussi susciter l’émulation pour transformer celui-ci en acteur du patrimoine.
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