L’enjeu de cet article est de repérer le travail de reformulation-rectification de l’adulte dans le corpus longitudinal d’une enfant entre 1;09 et 4;0 en interaction avec sa mère, de l’analyser en fonction de la situation, d’en évaluer la nature et éventuellement, la portée. Cette étude montre que mère et enfant mettent en place de façon conjointe la capacité pour l’enfant de rectifier elle-même ses énoncés, et de s’approprier ainsi toutes les subtilités du maniement du langage. Cette collaboration fine et constructive relève de deux niveaux. D’un point de vue interactionnel, la mère intervient tout d’abord de manière importante en proposant des rectifications à l’enfant, la sollicite progressivement davantage grâce à des procédés variés (demandes de clarifications, de reformulation, rectifications directes ou indirectes), afin qu’elle effectue elle-même ces rectifications. L’enfant, quant à elle, participe de plus en plus activement : elle reprend tout d’abord les rectifications offertes par la mère, pour finalement rectifier seule ses énoncés. D’un point de vue linguistique, les rectifications de la mère et de l’enfant mettent en jeu des niveaux linguistiques différents, adaptés à son développement langagier et à son âge. L’analyse de ces séquences montre combien la mère joue un rôle clé dans l’acquisition du langage par l’enfant (Clark & Chouinard 2000). C’est dans cette collaboration étroite que se construisent les capacités à la fois linguistiques, interactionnelles et sociales de l’enfant. Nos analyses nous ont amené à repérer des processus qui facilitent la mise en place des compétences linguistiques et interactionnelles des enfants. L’enfant peut ainsi s’approprier à la fois des outils linguistiques et un savoir faire – savoir être social, dialogique, dans la langue et la co-énonciation.