Cette première approche se situe à l’interface des notions de « site » et de « situation » chères aux géographes. Le site de la « jungle de Calais » s’inscrit dans un contexte international d’arrivée de populations venues d’ailleurs. Il s’établit en France, à la frontière entre deux systèmes nationaux. Il a lieu dans un territoire particulier en restructuration le secteur de Calais et la région du Calaisis. Il met en contact sur un petit espace et dans un temps relativement court deux populations sans connaissances réciproques ni habitudes de rencontres. La situation oblige chacun d’entre nous à changer de regard sur la société et la fabrique de la ville. Elle surgit et perturbe le citoyen désarçonné par l’image d’un autre lui-même en mauvaise posture. Elle oblige le chercheur à mobiliser d’autres concepts comme les « scènes » pour aborder le multi, le pluriel, le mobile, habiter et le temporaire. Elle interpelle les pouvoirs publics et les politiques sur leur capacité à penser le fragile, le mobile le temporaire. Elle oblige la société à se questionner sur l’accueil , l’hospitalité et la citoyenneté. Elle fait de la présence migrante « un enjeu des sociabilités urbaines « et interroge la notion de ville abordée comme « lieu de maximisation des interactions » (Claval, 1982).