Appréhender le marché du travail et de l’emploi sportifs ne va pas de soi. A l’exception de quelques rares travaux qui cherchent à rendre compte explicitement de la place du travail dans le domaine du sport , la question de la formation pleine et entière d’un marché du travail spécifique reste encore très problématique. La lecture du rapport Cafemas donnant un « Panorama des situations professionnelles du champ des activités physiques et sportives » est à ce propos instructive : plaçant l’emploi sportif au centre d’une nébuleuse aux frontières incertaines, le rapport acte que le marché reste pour l’essentiel une fiction qui s’articule autour d’une dialectique entre cœur et périphérie où le regard se focalise presque toujours au milieu . Une façon de rompre avec cette forme de strabisme convergent consiste alors à s’intéresser à l’emploi sportif par ses marges dans une démarche analogue à l’esprit des 14e journées internationales de sociologie du travail tenues à Lille en 2014 autour du thème « Les marges du travail et de l’emploi : formes, enjeux, processus » où il s’agissait « d’interroger nos catégories de pensée (savantes ou profanes) et les catégories sociales au travail, car, pour une part, nos schémas de compréhension des sociétés au travail sont fondés sur des rapports stables/précaires, formels/informels, typique/atypique, inclusion/exclusion, prescrit/réel, centre/périphérie, travail/hors travail, etc. » ainsi qu’à « rompre avec des conceptions bipolaires du travail et de l’emploi, pour mieux envisager des complémentarités et des interdépendances ». Là où les analyses se centrent habituellement sur la dynamique du marché, son développement et ses supposés gisements d’emploi, cette approche permet par un jeu d’ombres chinoises de mieux qualifier ce à quoi renvoient le travail et l’emploi sportifs, mais aussi ses angles morts, ses impensés, ses zones d’ombre ou encore zones grises.