Dans la préface de son Dictionnaire de musique, Rousseau précise qu’il ne traitera pas des instruments de musique. Pourtant, il cite nommément 65 instruments différents dans 199 entrées, avec à peine quatre entrées autonomes (instrument, violon, quinte et viole). Une trentaine d’instruments de la Grèce antique sont mentionnés, alors que la clarinette et le pianoforte ne le sont pas. Les parties ou accessoires d’instruments comptent cinq entrées autonomes (chanterelle, clavier, corde sonore, feinte, sourdine). Des entrées polysémiques n’abordent pas nécessairement la signification organologique. Les notices dans lesquelles des instruments sont cités concernent les genres instrumentaux, la pratique musicale (avec mention des interprètes principaux de l’époque), la théorie musicale, l’acoustique ou la technique musicale. Sous ces entrées apparaissent les goûts du philosophe : préférence pour la flûte et détestation du clavecin. Rousseau apparaît particulièrement moderne, car il s’aventure sur le chemin de la sociologie engagée (dans ses notices sur les musiciens, facteurs, luthiers ou accordeurs), il distingue des paramètres subjectifs comme résonance, timbre, intensité et, de manière plus générale, il décrit avec une clarté exceptionnelle des aspects de la perception musicale.