Cette intervention se propose d'interroger le fait religieux en tant qu'il se manifeste sous la forme d'« intolérance religieuse » (« sectarianism » en anglais) entre Catholiques et Protestants en Écosse. Il s'agira de considérer la manière dont les chercheurs en sciences sociales écossais se sont emparés du problème, le définissent, l'expliquent et, au bout du compte, contribuent à l'élaboration de politiques publiques censées y mettre un terme. L'expression « un gouffre d'incompréhension » appartient à la chercheuse Elinor Kelly (« Review Essay ; Sectarianism, Bigotry and Ethnicity – The Gulf in Understanding », Scottish Affairs, n° 50, 2005). Par cette expression, Kelly voulait mettre en exergue, de manière frappante, l'existence de profondes divergences sur la réalité de l'intolérance religieuse en Écosse. Ces profondes divergences sont en fait le résultat des réelles difficultés méthodologiques auxquelles sont confrontés les chercheurs dans l'analyse des causes et de la permanence d'un phénomène qui continue à faire débat dans la société écossaise. L'objectif de cette intervention sera de faire l'inventaire de ces difficultés et de montrer que, en fonction des outils utilisés par les chercheurs en sciences sociales écossais, les conclusions peuvent être diamétralement opposées. Nous verrons notamment que la question de la définition de l'intolérance religieuse et de ses manifestations est un premier écueil en soi. Il s'agit pourtant là d'une question cruciale car en dépend ensuite l'orientation des recherches et des méthodes mobilisées par les chercheurs. Nous verrons également que l'appartenance à l'une ou l'autre de ces deux branches de la religion chrétienne par les chercheurs et intellectuels intéressés par la question de l'intolérance religieuse joue un rôle important dans le débat et la réfutation de la validité des arguments de chacun.