On présente parfois les économies paysannes des populations de la zone soudanienne comme étant organisées de façon duale entre un secteur destiné à la production d’espèces alimentaires autoconsommées et des cultures de rente destinées à la vente sur les marchés internationaux. Les conflits éventuels entre ces différents types de production ont été souvent évoqués, mais les analyses font de peu de cas d’une part de systèmes de commercialisation antérieurs à la période coloniale, et aussi de la capacité des agriculteurs à modifier rapidement leurs stratégies. On assiste aujourd’hui à une réorganisation des agrosystèmes et des filières qui montrent à quel point la frontière entre cultures vivrières autoconsommées et cultures de rente peut être poreuse. Il y a bien des vivriers marchands, et c’est sans doute le cas depuis longtemps.