Depuis les années 1920, les villes rouges ont été dépeintes avec passion. Pour leurs détracteurs, ces cités françaises « soviétisées » embrigadaient l’enfance communale, détournaient à des fins partisanes les finances locales et aliénaient la « démocratie municipale ». Pour leurs partisans, elles se devaient de servir l’idéal communiste et de célébrer en grande pompe leur admiration pour l’URSS, la mère patrie du socialisme. Durant l’entre-deux-guerres et la Guerre froide, la violence des attaques politiques est à la hauteur des craintes que suscite l’implantation, dans le paysage rural et urbain. Un territoire en particulier, dénoncé par les uns, encensé par les autres, devient l’épicentre de l’enracinement et de l’engagement communiste et anticommuniste. L’activisme social et politique de la Section française de l’Internationale communiste (SFIC) fondée en 1920 a sans conteste marqué l’esprit de ses contemporains en figeant l’image d’un communisme subversif. Mais sur le terrain municipal, cette radicalité partisane n’a pas empêché l’émergence d’« hommes nouveaux » , que l’accès aux responsabilités édilitaires a transformés, au tournant des années 1920-1930, en administrateurs de collectivités locales plus pondérés et pragmatiques.