Depuis plusieurs années, les différents débats portant sur la limitation du temps de travail en France ont parfois vu le renforcement de l’idée d’une distinction nette entre sphère privée et sphère professionnelle. Pourtant, la frontière entre ces deux dimensions n’est pas si facile à déterminer, tant celles-ci sont consubstantielles. Cela est particulièrement tangible lorsque l’activité professionnelle est intrinsèquement liée à un parcours militant, comme c’est parfois le cas dans les organisations rattachées à l’Economie Sociale et Solidaire. L’intervention menée au sein d’une fédération d’associations d’Education Populaire, en réponse à une demande paritaire portant sur la limitation de la charge de travail des cadres, a pu mettre en évidence une diversité d’explications au dépassement horaire de ces professionnels. Entre astreinte inhérente à l’intensification du travail des cadres de l’organisation, stratégie de défense pour redonner du sens à l’activité, ou encore engagement militant, le dépassement horaire apparait aussi bien comme un phénomène contraint par la conjoncture socio-économique que comme une marge de manoeuvre dans laquelle les professionnels peuvent se réapproprier leur travail. Suite à la présentation de l’intervention sociologique menée dans cette organisation, l’objectif de cette communication sera de contribuer aux controverses actuelles portant sur le temps de travail, en défendant l’idée qu’en matière d’amélioration des conditions de travail, un tel débat est vain s’il ne tient pas compte du travail réel.