La distinction de Jonathan L. Cohen entre croyance et assentiment, prolongée par Margaret Gilbert et Raimo Tuomela, permet d'éclairer la façon dont Solidarność, le syndicat et mouvement social (puis gouvernement) polonais considéré comme étant à l’origine de la chute du communisme en Europe, est perçu dans les discours d’importants acteurs polonais, hier comme aujourd’hui. Je soutiens que le modèle gilbertien des croyances collectives décrit bien la façon dont des acteurs importants ont rendu compte de Solidarność suite aux élections de 1989 (gagnées par 99% des suffrages). Toutefois, l’accession au pouvoir du gouvernement Solidarność de Tadeusz Mazowiecki, en 1989, pose ouvertement la question de savoir si Solidarność peut vraiment être considéré comme un sujet pluriel. D’où la visibilité publique accrue de comptes-rendus ordinaires en termes d’assentiment positionnel, que l’on peut décrire à l’aide du modèle de Tuomela, reprenant la distinction établie par Cohen entre croyance et assentiment. Aujourd’hui, le syndicat Solidarność existe toujours, et de nombreux hommes et femmes politiques continuent à parler de « Solidarność » comme s’il s’agissait d’une entité d’ampleur nationale. Comment les acteurs en rendent-ils compte précisément?