L’étude du bâti patrimonial, parce qu’elle nous impose de combiner analyse historique et modèles spatiaux (aux échelles de l’architecture), n’est pas sans poser des poser des questions de méthode encore largement à défricher. En effet, pour comprendre, décrire puis rendre compte des évolutions souvent complexes du bâti patrimonial, il apparaît naturel de vouloir croiser les différents jeux d’indications que le temps nous a légué : documents d’archives ou traces archéologiques par exemple. Il apparaît tout aussi naturel de vouloir tirer parti d’informations spatiales contemporaines fixant les enveloppes géométriques de ce qu’il reste du bâti. Mais ces différents indices restent aujourd’hui dispersés : il devient dès lors coûteux et difficile d’en tirer le meilleur parti, de conduire efficacement le recueil et l’analyse d’informations, et enfin de mettre à disposition ou de visualiser ces informations, notamment au travers de dispositifs pour le Web. Notre démarche tente donc d’intégrer logique de modélisation architecturale proprement dite (i.e. discrétisation spatiale pilotée par une sémantique qui est celle du bâti et non du territoire) et logique de mise en évidence d’informations (c’est à dire une démarche d’explication visuelle), au travers de dispositifs pour le web. Par le caractère spatial du sujet étudié, un objet architectural, cette démarche appelle une représentation (plus ou moins abstraite) du sujet lui-même dans l’espace « réel ». Mais par le caractère temporel et culturel du sujet étudié, cette démarche appelle une représentation non plus du sujet lui-même mais de notre analyse du sujet, autrement dit des informations dont nous disposons pour le comprendre. Notre propos sera de montrer comment le cadre méthodologique en construction nous amène au quotidien à réfléchir sur nos pratiques, et renouvelle le jeu de solutions visuelles pour expliciter les rapports complexes mais fructueux qu’entretiennent forme architecturale et connaissance d’un lieu (histoire, contexte, etc.).