Longtemps l’apanage de l’État français, l’évaluation des théâtres publics ou soutenus par les pouvoirs publics s’est démultipliée : elle est désormais un instrument prisé par les collectivités territoriales (communes, départements, régions). Par cette instrumentation, ces dernières cherchent à rationaliser l’attribution des subventions, mais surtout à s’imposer et à s’autonomiser dans un système d’action politico-administratif. L’évaluation participe alors à une reconfiguration et à une territorialisation des politiques culturelles. Outre de contribuer à la transformation des objectifs, elle institue de nouvelles relations et de nouveaux modes de négociation entre les acteurs du secteur artistique et culturel et leurs partenaires publics. Alors que les politiques locales de la culture ont longtemps reposé sur une délégation aux associations, cette recherche, menée dans une région française, révèle que les collectivités territoriales tendent à faire des acteurs culturels des prestataires sur lesquels elles exercent une autorité légitimée par l’évaluation.