Cette recherche s'inscrit dans la lignée de l'étude antérieure sur Chantenay, banlieue occidentale deNantes, formée au XIXe siècle. Avec la ZUP de Bellevue, c'est une forme majeure de l'urbanisation en banlieue dans les années 1960-1970, années de forte croissance démographique et de forte urbanisation, qui est analysée. L'ouvrage présente trois volets: - Une partie concerne le processus de création et de réalisation de la ZUP: le rôle des institutions nationales et locales y est examiné, ainsi que les fondements conceptuels, architecturaux et urbanistiques du plan de la ZUP. L'analyse met en évidence les mécanismes qui préparent la ségrégation socio-spatiale dans la ZUP, l'amputation des pratiques domestiques et urbaines, l'écart grandissant entre les parties nantaise et herblinoise de la ZUP (elle est en effet construite pour moitié sur Nantes et pour moitié sur la banlieue de Saint-Herblain). - Les deux parties suivantes abordent la vie dans les logements et dans la ZUP elle-même. La population y est étudiée dans ses variations sociales, temporelles et spatiales, puis dans ses pratiques domestiques et de voisinage. La rigidité du cadre spatial et sa gestion rendent difficiles l'appropriation. Forte mais bridée dans le logement, elle est éphémère au niveau urbain. Cette réalité compromet l'émergence de sentiments d'appartenance à la ZUP. Ils sont plutôt fortement diffus, généralement rapportés à la rue ou à l'ensemble immobilier. Ils traduisent une négation assez nette de la ZUP comme entité territoriale, support d'identité. - La quatrième partie concerne pour sa part les "plans sur la ZUP" et donne une large place à la manière dont sont prises en charge les gestions communales des deux parties de la ZUP. Les opérations de réhabilitation entreprises y sont en particulier étudiées, notamment sous l'angle de la relation maîtres d'ouvrage/habitants. La conclusion fait apparaître l'éclatement de la ZUP, l'écart grandissant entre les différentes opérations et les différents îlots la constituant. L'unité urbanistique, la figure de "ville nouvelle" que souhaitaient leur donner au départ ses fondateurs est contredite par sa division entre deux communes, par le creusement des écarts entre quartiers HLM et ensembles immobiliers privés, par l'impossible constitution de sentiments d'appartenance. (Certains chapitres de l'ouvrage sont en texte intégral dans la rubrique "Chapitre d'ouvrage").