Les réserves naturelles sont restées longtemps très peu connues du grand public dans les pays du Sud, mais aussi dans les pays du Nord. Seuls s'y intéressaient une poignée d'experts certains touristes, et les populations locales à qui on imposait une normativité nouvelle. Aujourd'hui, grâce à la démultiplication des fonds appliqués à ces politiques à la croissance du secteur, et à ses efforts de communication, ainsi qu'à une demande sociale de plus en plus ardente mais diffuse pour les espaces naturels préservés, l'ampleur du phénomène commence à changer de nature. Les réserves naturelles, s'éloignent de leur ancienne réalité virtuelle de simples « parcs de papier » 1 , et se transforment en un programme important des organisations internationales, des États et des ONG. Elles constituent donc un nouveau dispositif de gestion territoriale présent dans tous les pays du monde, génèrant une multiplicité de nouvelles problématiques à caractère politique 2. Notre problème est de voir si la forte internationalisation des politiques 1 Il s'agit d'une expression consacrée dans le milieu concerné, pour faire référence à ces parcs naturels qui n'avaient – et n'ont encore parfois – pour seule réalité que la publication d'un décret, sans aucune mesure d'application. 2 La gestion de réserves par des ONG nationales ou transnationales ne risque-t-elle pas de mener à la privatisation du gouvernement de certaines zones ? Entre experts internationaux, fonctionnaires nationaux et villageois de la zone, n'assiste-ton pas à une vaste lutte pour la redéfinition des droits de propriété et d'usage des ressources naturelles, et au-delà pour repenser ce qu'est cette « nature » que l'on vise à protéger ?, etc.