Il est désormais tout à fait convenu de constater une demande grandissante en matière de paysages, voire une mode quant à l'emploi du terme. Le paysage est revendiqué et approprié par une multitude de discours et un grand nombre de groupes sociaux, à tel point que le principe d'évaluation des paysages semble devenir une "nécessité" sociale. Le paysage fait recette, il a produit ses experts. Mais quelle est donc l'instance qui légitime cette nécessité? Plus précisément, pour qui fait-on finalement des évaluations paysagères? Cet article entend démontrer la force du paradigme qui arme les analyses paysagères et qui tend à biaiser les études en leur conférant une objectivité et une technicité fallacieuses. On plaide à l'inverse, par un bref exemple appliqué à l'agglomération de Besançon, pour l'intégration du social au paysage par les enquêtes sociologiques, c'est-à-dire pour une confrontation au moins a posteriori des analyses avec leurs destinataires afin d'en tester la réception face à l'irréductible multiplicité des regards sur le paysage.