L’idée de “qualité de vie” reste vague dans son acception française. Il s’agit plutôt d’un champ notionnel que d’un concept; son contenu est en fait fortement empreint d’idéologie. Ce bref essai tente de démontrer que les discours politiques revendiquant une amélioration de la qualité de vie pour les populations qu’ils concernent – lesquels sont fréquents en aménagement et en urbanisme – se réfèrent en fait à un modèle culturel remontant aux temps modernes. Cet héritage idéologique valorise la Nature en tant que contre-modèle social, en accord avec le romantisme, certains courants agrariens et les utopies sociales. Ainsi l’hygiénisme et le catholicisme social ont intégré la Nature dans leur réflexion urbanistique en l’utilisant comme une garantie récurrente de l’amélioration des conditions de vie en milieu urbain à la fin du 19e siècle. Un tel arrière-plan « culturaliste » ne doit pas être sous-estimé et nous invite à préférer l’interrogation sociologique à la méthode des choix rationnels dans l’étude des processus de prise de décision en urbanisme.