En référence au « cinéma impur » d’André Bazin, le conte, comme le théâtre, sert de source d’inspiration à la Nouvelle Vague, comme structure de récit plus que comme adaptation. De même, le mélange de documentaire et de fiction, à l’exemple de Jean Rouch, d’écrit et de spontané, ainsi que la présence d’un narrateur, contribue à une expression originale. Les cinéastes de la Nouvelle Vague avaient également la volonté de créer un univers autonome par le cinéma, tendant ainsi à rejoindre le monde du conte, et tout en puisant dans l’expérience vécue. Les auteurs les plus divers sont repris par les réalisateurs, comme Maupassant pour Godard. Eric Rohmer crée des séries (Contes moraux, Contes des quatre saisons, Comédies et proverbes), ses films unitaires s’apparentant aussi au conte. Besoin et plaisir de raconter sont au cœur de l’œuvre de François Truffaut, sans oublier le caractère de suspense, évidemment lié à Alfred Hitchcock. La veine feuilletoniste littéraire donne lieu au sérial au cinéma, voie suivie par Jacques Rivette, construisant ses films en chapitres et épisodes, avec Balzac comme auteur de prédilection. Les « gens de tous les jours » ont également une histoire, que savent conter, en chansons et en fables, Jacques Demy et Agnès Varda, faisant aussi appel à des mythologies en tout genre. Des cinéastes d’une autre génération, comme Pascal Bonitzer ou Sophie Fillières, s’inscrivent dans cette même lignée, se faisant également conteurs d’eux-mêmes. Enfin, d’autres réalisateurs seraient à citer, comme Jacques Rozier, et son « Adieu Philippine », sonnant comme une formule magique.