Depuis quelques années en lien avec l’aggravation de la crise économique, les coopératives, qui font partie de l’ESS, font l’objet d’un regain d’intérêt eu égard à leur modèle économique et tout particulièrement à leur caractéristique supposée d’être plus difficilement délocalisables. Il y a ici une hypothèse sous-jacente d’un lien « naturel », ou parfois statutaire (pour les coopératives agricoles), au territoire. Cette naturalisation occulte la diversité des liens entre coopératives et territoire et l’hétérogénéité des processus de territorialisation des coopératives. Nous faisons ainsi l’hypothèse que le lien des coopératives aux territoires résulte de processus différenciables notamment en termes d’ancrage et d’intensité. L’objet de cette communication est de tenter de proposer, à titre exploratoire, un cadre analytique pour appréhender cette diversité des liens des coopératives aux territoires, pouvant aller d’une simple localisation jusqu’à un ancrage voir un enracinement. Nous pointons à cette occasion l’importance de l’inscription dans des réseaux, sectoriels ou transversaux, à différentes échelles territoriales et des interactions avec les politiques publiques locales. Nous nous intéressons à une catégorie particulière de coopératives, les SCOP, sociétés coopératives et participatives, anciennement sociétés coopératives ouvrières de production. Nous prenons également en compte les nouveaux statuts de SCIC, sociétés coopératives d’intérêt collectif, et les CAE, coopératives d’activités et d’emplois qui se développent depuis le début des années 2000. L’ensemble de ces organisations représente un peu moins de 3 000 entreprises en France, pour un effectif d’un peu plus de 50 000 salariés (source : CGSCOP ). Nous considérons le territoire comme un construit social porteur d’une identité, résultat de jeux d’acteurs situés (Courlet, 2008). Les dynamiques territoriales résultent d’une rencontre entre stratégies d’acteurs et potentiels de ressources (Colletis et Pecqueur, 2005). Comment les coopératives viennent-elles utiliser, renforcer ou transformer les ressources d’un territoire, et selon quel(s) processus ?