Pourquoi le PS français n’a-t-il pas accueilli plus favorablement et adopté au moins en partie le social-libéralisme version british ? Comment comprendre plus largement ce décalage entre des politiques économiques en partie analogues et des discours économiques divergents et parfois même opposés ? La thèse défendue ici est que l’ambiguïté des socialistes vis-à-vis du néo-travaillisme renvoie d’abord et avant tout à leurs propres ambiguïtés. Et celles-ci n’ont que peu à voir avec quelque « tabou doctrinal », ou avec le vice ou la vertu de tel ou tel dirigeant. Elles s’expliquent d’abord et avant tout par la structure des rapports de force et de sens, à la fois à l’intérieur du parti et au sein du champ politique français. Les socialistes français sont ainsi pris dans une double contrainte structurelle. D'un côté, le social-libéralisme est la seule option possible à leurs yeux. De l'autre, une politique sociale-libérale assumée ne permet pas d'obtenir une base électorale majoritaire. La seule solution à disposition est donc de faire du social-libéralisme sans le dire et donc de rejeter l’exhortation des néo-travaillistes à assumer leur virage idéologique.