Cet article appréhende quelles pourraient être les incidences de l’artificialisation des vagues. Il entend ainsi apporter une contribution à la compréhension des mutations potentielles du milieu de culture sportive inhérentes à l’artificialisation d’une activité sportive. Il présente la façon dont la culture surf pourrait se recomposer au regard des évolutions qui traversent les modalités de pratique en milieu artificiel puisqu’elle reconfigure les relations que les surfeurs entretiennent à la Nature, au Corps, à l’Espace, au Temps, à l’Autre, et à Soi. Ainsi, la transformation potentielle induite par les logiques d’artificialisation de l’activité de ce « milieu de culture sportif » propre au monde du surf nécessite peut-être un changement paradigmatique pour en appréhender les caractéristiques. En d’autres termes, il s’agit d’interroger les registres d’expériences corporelles que précipitent ces nouvelles formes de glisse dans la manière dont s’élaborent les habitus corporels, se construisent, s’établissent et se transmettent « les techniques du corps ». D’autant plus que certaines investigations scientifiques soulignent les contradictions entre, d’une part, la commercialisation du surf poussée à son paroxysme et, d’autre part, les valeurs que véhicule la culture surf. L’analyse de l’émergence des vagues artificielles pourrait, au delà de l’examen des seules retombées économiques, contribuer à la compréhension des registres de transformation des cultures et de l’éthique sportives qu’elles sous-tendent. Cette perspective nécessite, sans doute, que les scientifiques qui traiteront ces questions ne se placent plus exclusivement sous l’égide d’un déterminisme social, économique et politique auquel les garants de cette orthodoxie attribuent les fantasmes d’une tyrannie absolue mais qu’ils replacent au cœur des analyses l’examen des interactions symboliques et des expériences corporelles sensibles renouvelées qu’appelle la pratique du surf en milieu artificiel.