Notre article se consacre à l'étude du rôle social d'un fleuve de l'ouest guyanais dans les mobilités et migrations transfrontalières des populations. Le Maroni, bleuve situé à la frontière de la Guyane française et du Surinam, constitue l'épicentre de déplacements constants de populations entre les villes de Saint-Laurent-du-Maroni (en Guyane) et Albina (au Suriname). Marquée par une progression démographique exponentielle, un taux de natalité et un solde migratoire important ainsi qu'une forte paupérisation des populations, cette région apparaît également sujette à des formes de régulation politique qui semble ne pas saisir le profond dynamisme dans les modalités d'organisation sociale, les transactions commerciales ainsi que le fonctionnement des communautés. Nous étudierons donc cette dissymétrie entre les réalités migratoires vécues et les dispositifs de biopouvoir subis par les populations du Maroni. Ce biais d'analyse nous permettra ensuite de mieux saisir le rôle central du fleuve, perçu comme une frontière par l'Etat français et vécu comme un centre névralgique des relations intercommunautaires pour les populations.