L'obtention d'une certification complémentaire permet à des enseignants titulaires ou stagiaires des établissements publics et privés de valider des compétences particulières qui ne relèvent pas du champ du concours pour lequel ils ont intégré le corps enseignant. L'organisation d'une cession académique de délivrance des certification complémentaire vise donc à constituer un "vivier" de compétences pour ces enseignements. Quatre secteurs disciplinaires sont aujourd'hui retenus : l'enseignement en langue étrangère dans une discipline non linguistique; le français langue seconde; l'enseignement en Langue des Signes Française; et l'enseignement des arts, avec quatre options : danse, histoire de l'art, théâtre, et le cinéma et audiovisuel (CAV), objet de cette communication. Une note de service de 2004 précise les critères d’évaluation de l’épreuve de certification CAV. Le jury se doit d'évaluer quatre critères d'appréciation : - La culture cinématographique et audiovisuelle des candidats (fréquentation des œuvres, histoire du cinéma); - La connaissance du développement de l’enseignement du cinéma et de l’audiovisuel dans le système scolaire (programmes et dispositifs d'accompagnement); - La connaissance des modes d’enseignement propres au cinéma et à l’audiovisuel (travail en équipe, interdisciplinarité, partenariat avec les professionnels) ; - La capacité à expliciter la démarche pédagogique concernée dans la complémentarité pratique, culturelle, méthodologique En déposant leur demande d’inscription, les candidats remettent un rapport précisant les titres et diplômes obtenus en rapport avec le secteur disciplinaire choisi pour la certification. Ils sont encouragés à préciser les expériences d’enseignement, d’ateliers, de stages, d’échanges, de sessions de formation auxquels ils ont pu participer, les travaux effectués à titre personnel ou professionnel, etc. A partir d'un chantier mené au sein de notre laboratoire CNRS nous avons produit une analyse basée sur les rapports des jurys de la certification CAV sur les dix premières années (2004-2014) qui suivirent la parution de la note encadrant l'épreuve. Cette enquête avait pour objectif de dessiner l’idéal-type du candidat à l'enseignement du cinéma tel que les jurys se le représentent à travers leurs préconisations. Les objectifs de ce chantier furent les suivants : 1) Réaliser une ethnographie des équipe certifiantes (composition des jurys par catégories de corps, disciplines représentées) 2) identifier les principaux critères d'appréciation (et éventuellement leurs réinterprétations ou reformulations) par rapport à la note de service servant de cadrage national à l'épreuve. 3) A travers les bibliographies et filmographies suggérées aux candidats dans certaines académies, catégoriser les modalités d'acquisition des savoirs de référence sur le cinéma considérées comme légitimes. 4) Esquisser un portrait de l'enseignant de cinéma répondant aux préconisations génériques sur la culture cinématographique que l'on retrouve dans la plupart des jurys académiques 5) Identifier les registres de justification et les échelles de valeurs dans les pratiques pédagogiques telles que définies par les jurys : les choix de corpus et des modalités d’enseignement, leur évolution, la mise en valeur de certaines théories au détriment d’autres, les critères de légitimation des œuvres, les instances influentes, la place de la recherche et l’impact de la critique. Cette étude fut enrichie d'entretiens qualitatifs menés auprès de président(s) et membre(s) de jurys ainsi que de candidat(s) (admis et refusés) à cette épreuve.